Israel Ariño


photographer


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LES REVENANTS ET D'AUTRES ESPRITS CRIEURS
50 x 50 cm
Collodion (Clear Glass Ambrotype)
2013
edition of 1

LES SOEURS NÉCROMANCIENNES // Les soeurs Mantega possédaient des mains magiques qui leur permettaient d’entrer en contact avec l’au-delà et de communiquer avec les morts. Quiconque entrait en contact avec une de leur main pouvait observer les fantômes du voisinage. // Les premiers individus qu’elles frôlèrent furent saisis d’une peur bleue. Aussi pour éviter les incidents, les soeurs Mantega portaient des gants en permanence et n’utilisaient ce don incroyable que sur elles-mêmes.

LES ENFANTS CENTENAIRES // Une vieille légende bretonne raconte que parfois à l’aube, les esprits centenaires du lac apparaissent sur la jetée. // Ils prennent la forme d’enfants silencieux et immobiles. La légende raconte qu’ils ont le pouvoir de contrôler levent afin d’ordonner et d’harmoniser les vagues de la surface du lac selon un rite millénaire et mystérieux. // Nul ne les a jamais vus. Au moindre frôlement, au moindre bruit de pas, ils s’évanouissent dans la brume. Seul l’appareil photo, immobile, a pu capter leur image.

LA FEMME GÉANTE // Marie-Albertine de Dieutre naquit sans jambes. Ses parents, fervents catholiques, y virent l’expression de la volonté de Dieu et refusèrent à leur enfant toute prothèse permettant de corriger son handicap. // La pauvre enfant, cloîtrée et immobilisée, se réfugia dans le monde du rêve et développa un esprit fantasque. // À la mort de ses parents, elle fit peindre le château familial en rose, épousa un prince égyptien et se fit fabriquer des jambes de bois de deux mètres de haut.

LES JUMELLES MONOZYGOTES // Les jumelles Clémence et Albertine Lamand ont été séparées à la naissance et élevées dans des milieux très différents. Chacune ignorait l’existence de sa soeur jumelle. // Devenues adultes, c’est leur passion commune pour la colombophilie qui les réunit. Bien qu’elles habitassent à 700 kilomètres l’une de l’autre, les pigeons voyageurs d’Albertine trouvaient refuge chez Clémence et inversement. // Chacune des deux soeurs se demandant qui était la mystérieuse femme dont le nom et l’adresse figuraient systématiquement sur les bagues des pigeons égarés. Elles s’écrivirent pour enfin
se rencontrer et ne se quittèrent plus.

L’HOMME INVISIBLE // En 1874, Louis-Galien Folastre réussit à photographier le célèbre Homme Invisible. Même si sa présence sur l’image reste imperceptible, l’Homme Invisible était réellement présent devant l’objectif au moment de la prise du vue. // Plusieurs témoins dignes de foi purent en témoigner.

L’AVEUGLE VISIONNAIRE // Louis-Étienne Faidherbe était un inventeur excentrique. Il fabriqua une paire de lunettes qui, prétendait-il, lui permettrait d’observer le Diable. Pendant des années, il arpenta les terres de Bretagne afin de rencontrer le démon. // Un jour, des promeneurs le virent sauter brutalement en arrière en hurlant d’effroi et tomber dans le lac d’Iffendic. Il fut sauvé de la noyade in-extremis et termina sa vie hébété et aveugle. Nul ne sut jamais ce qu’il vit. // Aujourd’hui encore, les baigneurs ont l’espoir secret de retrouver les mystérieuses lunettes.

L’ENFANT AIMANTÉ //John Dury, né en 1874 à Scarborough dans le Yorkshire, souffrait d’une affection unique au monde. Son corps était irrésistiblement attiré par le bois de chêne, tel le fer par un aimant. // La force de l’attraction était proportionnelle à la masse de l’arbre et pouvait atteindre une force considérable. // À l’âge de neuf ans, alors qu’il s’était égaré en jouant seul dans les bois, il resta collé à un grand chêne. // Fous d’inquiétude en constatant son absence prolongée, ses parents alertèrent la maréchaussée qui ne le retrouva que deux jours plus tard. John était affamé mais heureusement sain et sauf.

LES ANIMAUX ENSORCELEURS // La forêt de T. est connue pour ses animaux hypnotiseurs. Le cas le plus singulier est celui de Monsieur K. qui a été endormi par deux renards aux pouvoirs extraordinaires. Monsieur K. est resté en état de léthargie pendant 17 jours sans esquisser un seul geste, figé comme un mannequin de cire. // Lorsque l’esprit maléfique des renards a cessé son emprise, monsieur K. s’est réveillé. Il ne s’était aperçu de rien et crut à un canular lorsque ses proches lui annoncèrent la date du jour. // Les scientifiques ayant étudié la question ne s’expliquent pas pourquoi sa barbe n’avait pas poussé et encore moins comment il avait survécu sans manger ni boire pendant 17 jours. Monsieur K. se trouvait en parfaite santé et même légèrement euphorique.

LE MONSTRE AMOUREUX // Marie Hurpin, une modeste paysanne bretonne, fut veuve à l’âge de vingt-cinq ans. Peu après la mort de son mari, elle trouva tous les matins deux tas de bois devant sa porte, ce qui lui permit d’affronter les rudes hivers de la fin du 19e siècle. // Le fantôme de son époux lui venait en aide depuis l’aù-delà. // Un matin, elle surprit Auguste, l’idiot du village, en train d’entasser du bois devant chez elle. C’était lui, amoureux fou, qui depuis plus de vingt ans courait la campagne de nuit pour lui offrir du bois. Auguste était bossu et difforme. Il n’avait jamais osé lui parler.